La nuit était rapidement venue, et la lune, ronde dans sa robe laiteuse avait commencé son assenions.
La pluie, tombée toute la journée auparavant avait rendu le sol collant et boueux, et même, à certain endroits, les chemins devenaient difficilement praticables, disparaissant sous de petites mares.
Il faut dire que la terre n'arrivait plus à absorber le surplus de liquide, tant elle était gorgée à cause de la mauvaise saison qui avait sévi cet été là.
Les récoltes avaient pourries sur pied et la famine avançait son ombre spectrale. L'hiver serait rude et fatal pour un grand nombre de démunis. Et déjà, les campagnes commençaient à s'embraser, et les pillages devenaient choses communes.
Les Terre de Madrigal n'avaient pas été épargnées par ce fléau.
L'année s'était pourtant si bien annoncée! Ficelle avait choisi de prendre Reine, et son union avait comblé le petit royaume. Mais malgré cette liesse passagère, une étrange mélancolie s'abattit sur le Roi, le renfermant sur lui même au fil des saisons. Rien n'y fit, ni les suppliques de son clan, ni l'attention affectueuse de sa compagne. Et c'est dans ce climat de tristesse qu'il abdiqua, laissant sa couronne à un de ces sujet les plus valeureux.
Mais déjà son royaume était lui aussi atteint de l'étrange mal qui avait enfermé leur roi dans une prison sans barreau nommée désespoir.
La Reine essaya tant bien que mal de porter à bout de bras « l'Espérance » pour son peuple, mais elle devait aussi faire face à un ennemi bien réel et palpable, un Seigneur de Guerre leur cherchant querelle.
Quand la corne de la tour de gaie avait retenti ce matin là pour avertir d'un mouvement de troupes hostiles, l'ex-Reine n'avait pas hésité, et aux côtés de son clan, elle avait harnaché sa dragonne, et avait ceint son Épée des Ténèbres pour défendre les terres qui l'avaient accueillit des années auparavant.
Pourtant, malgré leur soif d'en découdre et de de vaincre, la bataille avait tourné court, et le clan de Madrigal avait été vaincu.
A terre gisaient de valeureux soldats et des dragons, entrelacés dans une dernière étreinte mortelle.
Les corbeaux commençaient leurs festins macabres.
Au milieu de ce charnier un renard glapis et lécha une main ensanglantée. Du bout du museau, avec une infini douceur, l'animal poussa le visage livide d'une jeune femme, soufflant dans ces boucles collées par le sang et la boue.
La jeune femme gémit et bougea la main. L'animal se mit alors à bondir autour d'elle, glapissant de plus belle, comme pour encourager l'humaine à se relever. Celle ci voulu d'ailleurs essayer de se redresser, mais un corbeau atterrit sur sa poitrine et lui piqua la joue de don bec acéré.
La jeune femme cria, et le renard bondit sur le volatil, lui brisant d'un coup de mâchoire les os de la colonnes et les ailes.
Portant lentement et avec mille précautions la main là ou le charognard lui avait donné un coup de bec, elle s'aperçut qu'elle saignait. Cela lui donna du courage pour se relever... Si elle n'était pas morte au cour de la bataille, il était hors de question qu'elle finisse en hors d'oeuvre pour corbeaux !
Battant l'air de son bras le moins douloureux, elle tomba sur le pelage humide du renard. L'animal doué de raison se colla à elle, et sembla la pousser.
« - Oui mon tout beau, je ne finirais pas ici... Laisse moi juste le temps... Mais ou est Luna? »
La boule de poils rousse sautilla et tourna sur elle même pour l'inviter à la suivre.
Des nuages voilèrent la lune, et la pluie recommença à tomber. Mais cette fois, la jeune femme accueillit l'ondée avec reconnaissance. Cette eau lavait au moins en partis les traces de sang et de boue collant ces cheveux, alourdissant ces boucles de feu.
Toujours à terre, les bras en croix, elle laissait ces larmes couler au rythme de la pluie qui lui battait le visage.
Un rugissement ébranla l'air au moment ou un éclair déchira le ciel.
« - LUNA ! Hurla la femme, Elle est blessée ! Elle m'appelle ! Aide moi mon ami ! Aide moi à la retrouver... »
Le renard s'approcha de sa compagne humaine et celle ci s'accrocha à lui.
Lentement, moitié en rampant et en glissant sur le sol imbibé de sang, centimètre par centimètre, elle se remit debout. Avisant une lance brisée elle la ramassa en grimaçant de douleur. Une violente nausée la pris, et au vu de ces symptômes elle pensa qu'elle avait des côtes de fracturées. S'appuyant sur sa canne de fortune elle entrepris de traverser la plaine jonchée de cadavres pour atteindre la lisière des bois. Plusieurs fois elle tomba à genoux, son corps trop meurtris refusant de la porter plus loin. A chaque fois, le renard revenait et l'encourageait de ces yeux noirs.
Ils laissèrent enfin le champ de bataille derrière eux et s'enfoncèrent sous la voûte végétale.
Une douleur sourde vrillait les tempes de la jeune rouquine, lui barrant la vision d'un voile rouge.
Le seul souvenir de l'appel de détresse de Luna la forçait à continuer, à se dépasser. Et le fidèle renard qui marchait deux pas devant elle était son phare. Hors de question de faiblir, il fallait marcher coûte que coûte, ne surtout pas s'arrêter.
Pourtant l'animal stoppa net et gronda sourdement, se rapprochant, protecteur de la jeune femme.
Une dizaine de paire d' yeux se mirent à briller autour d'eux, et un hurlement lugubre monta dans la nuit... repris un peu plus loin par un autre loup... Des loups... Et face à eux, une femme désarmée qui sentait le sang et la fatigue, et un petit renard. C'en était fini , il fallait se rendre à l'évidence.
De plus en plus de hurlements montaient des gorges des prédateurs avides de chaires et sang frais .
Le cercle des loups se referma sur eux . La jeune femme pouvais sentir leur halène et elle pria pour avoir une mort rapide.
Pourtant, alors que la lune réapparaissait, une silhouette humaine se glissa entre les bêtes enragées.
Elle leva une main, et, docilement les loups cessèrent de grogner et s'assirent docilement .
La silhouette pris la parole:
« -Qui es tu toi qui empeste la guerre? Que fais tu sur mes terres? Y apportes tu mort et misère?
-Je suis... Je suis... Je viens chercher ma dragonne... elle est blessée... »
La rouquine avait chaud et une fine pellicule de sueur perlait sur son front. Des tremblements la secouèrent et elle claqua des dents.
Elle allait s'effondrer quand la silhouette se rua vers elle et la retins, l'aidant à s'allonger en douceur. Mais la jeune femme continuait son monologue, prise dans les tourment de la fièvre.
« -Je suis...Je suis Kitiara, ex-Reine de Madrigal... Ma dragonne... Luna...
-Et avec nous, la rassura ce qui était en fait une magnifique jeune fille. Je suis Mortania la meneuse de Loups, du Clan de la Louve Noire. Un de nos sorcier prend soin de ta compagne saurienne et pense ces blessures, nous l'avons retrouvé un peu avant la nuit qui gisait prés de notre camp. »
Mais déjà Kitiara n'entendait plus, abrutie par la fièvre.
« - Arnoediad ! Mortalin ! Venez m'aider ! Ne t'inquiète pas Kitiara de Madrigal, nous t'aiderons... »
Sujet: La Louve et la Renarde... 
Jeu 13 Sep - 23:11
